« J’ai un caractère bien trempé », confie d’emblée Sylvie Le Cam. Ce que confirme Pierre-Yves Kerriou, avec qui elle codirige Guivarch l’Imprimerie. Et il en faut du caractère pour se faire une place dans un milieu qui reste encore très masculin. « Nous autres femmes, nous devons déployer plus d’énergie pour être légitimes », rappelle-t-elle. Sylvie raconte d’ailleurs que les rares clients qui ne la connaissent pas et qui franchissent la porte de son bureau partagé avec son associé la prennent… pour l’assistante de ce dernier. Elle se souvient aussi qu’en fréquentant les salons professionnels pour acheter des machines, elle se voyait souvent répondre : « On traitera cela avec votre patron », ce à quoi elle rétorquait : « Le patron, c’est moi ! », dit-elle en rigolant.
Entrée à 17 ans chez Guivarch l’Imprimerie au montage papier, avec en poche un CAP de typographie et un brevet de technicien en imprimerie, elle a découvert le monde de l’impression lors d’un stage de trois jours dans une école spécialisée à Rennes. « Le soir venu, en rentrant chez moi, j’ai dit : c’est ça que je veux faire. » Après être passée par tous les métiers de l’atelier : pliage, assemblage, massicot…, elle devient assez vite responsable de la production et suit une formation à l’établissement des devis.
En 2003, le repreneur de Guivarch l’Imprimerie, Bernard Isabet, lui propose de s’associer avec lui, elle gérant le périmètre de l’atelier et du commercial, lui s’occupant de la partie gestion et finances. Banco !
« À l’époque, nous étions 15 imprimeries dans la région, nous ne sommes plus que deux », note-t-elle. « C’est ma fierté que notre PME soit devenue un peu indispensable au niveau du tissu économique local », rajoute Sylvie, qui croit dur comme fer à l’avenir du papier. « Par exemple, nous réalisons beaucoup de bulletins d’information pour les communes aux alentours. Elles ont bien essayé de les supprimer, mais les messages ne passent plus. Elles reviennent donc au bon vieux journal imprimé. »